« Découvrez l’histoire derrière notre décor »
Grognina
des décors de la mort qui (re)tue
Grognina Vombertine Lise Des Cendres, était scénographe dans le monde des vivants, spécialiste des productions théâtrales nulles. Elle a été renvoyée après avoir monté une reconstitution grandeur nature d’un traumatisme d’enfance pendant un spectacle pour enfants. Résultat des courses -> 45 enfants traumatisés à vie en thérapie (27 psychiatres ont été internés depuis), dont 12 refusent désormais de fêter leur anniversaire s’il y a des rideaux sur les fenêtres. Une institutrice reconvertie en bergère norvégienne après avoir hurlé « Le mur me regarde » pendant 48 heures. Une plainte de l’Amicale des Pères Disparus Anonymes pour stigmatisation. Le théâtre a été exorcisé, puis rasé, puis rebaptisé « Zone d’Oubli Temporel ». La presse titra : “Quand la scénographie devient arme de destruction massive éducative”.
Vivante oubliée par la Mort lors d’un bug administratif avec Elle-même, elle est arrivée à Spooky Town avec un billet de train périmé et une brouette remplie de décors d’anciens spectacles que personne n’avait commandés. Elle est la représentation vivante (oui cette fois on peut le dire) de l’inutilité incarné : Créer des décors. Pour quoi ? Pour qui ? On ne sait pas. Elle non plus. Les autres non plus. Elle est passionnée jusqu’à l’autodestruction, perchée sur douze étages de déni et persuadée qu’une « grande pièce universelle du Tout-Théâtre » se prépare et qu’il faut l’anticiper.
Le Roi Squelette l’évite après avoir été piégé dans une salle de trône tournante qui l’a renvoyé trois fois aux toilettes.
Le Professeur Brouillonstein la soupçonne d’avoir réanimé une de ses étagères (ce qui est vrai).
Le Docteur Morbifix l’admire secrètement… mais pense que ses décors sont atteints de paranoïa chronique.
Mordicus a mangé un faux décor en sucre… c’était en béton. Il a adoré.
Mais elle s’est faite remarquer par son fameux décor qu’elle a modestement appelé Le Soleil avec Fonction Thermonucléaire Ambiante. Et comme d’habitude à Spooky Town ce fut une grande séance de poilade…
Pour la Première de la représentation de la pièce « L’Éveil de la Pomme Qui ne savait pas qu’elle était une chaise », destinée à un public d’êtres évanescents, elle décida d’y intégrer un décor façon soleil géant suspendu au-dessus de la scène, avec un cœur énergétique quantique instable. Une merveilleuse idée pour une soirée lumineusement inoubliable. Au lieu d’éclairer gentiment la scène, il a atteint une température de fusion d’étoile naine en phase terminale, projetant l’ensemble du village dans une boucle spatio-temporelle de 7 secondes, pendant 3 semaines consécutives.
C’est ainsi que Grognina fut intégrée et accepté. Une vivante parmi les morts
S’allume avec un soupir. S’éteint en murmurant « à quoi bon ». N’éclaire rien, mais émet de la mélancolie en 60 Hz.
Refuse d’être porté. Se remet constamment en question. Parfois tente de devenir une écharpe, mais échoue.
Une bougie qui fond, mais dont la cire coule partout sauf vers la flamme, disparaissant mystérieusement dès que tu t’approches pour la saisir.
Un miroir qui, à chaque regard, montre non pas ton reflet, mais une version alternative de toi, qui n’a jamais existé.
Un sablier où le sable ne tombe jamais dans le bas, mais s’élève toujours vers le haut, inversant complètement le flux du temps.
Une lanterne qui, au lieu de produire de la lumière, projette des ombres sur des choses qui n’existent pas.
Un stylo qui, à chaque fois que tu écris, complète une phrase que tu n’as pas commencée.
Une fontaine qui ne coule pas de l’eau, mais des souvenirs oubliés.
Le rouleau ne sert pas à essuyer, mais à absorber des moments non vécus.
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